Hommage d’André Ricros (lu par Guy Villerd)
Alain
Qu’il pleuve ou qu’il vente, peu importe.
Qu’il fasse beau ou un sale temps, peu importe.
Nous sommes là debout face à tes horizons, toi le Grand, toi le Fabuleux de nos chansons, le Farfelu de nos musiques, l’Arrangeur de nos passions, le Rabillayre de nos sentiments et de nos envies.
Nous sommes là jusqu’à nos fins puisque nous n’avons pas le choix, debout face à la lune vers laquelle nous nous tournons pour hurler, pour aboyer comme des fous et des détraqués que nous sommes.
Nous sommes là, les pieds sur la terre avec nos rêves de neige, de congères, de tourmentes et avec ce satané trombone qui, trop grave, jappe, appelle un loup ou un aigle, crie son bonheur et son assurance car il sait qu’il a raison, qu’il a toutes les raisons.
Nous sommes là à tes pieds dans le regret d’une dernière phrase, d’un dernier mot, un couplet, un refrain, un accord, un son que sais-je et à tes pieds tous roulent, tout se déverse pour ensemencer ce sol afin que tu entendes durant des jours et durant des années ce que chacun de nous, au cœur de son intimité, t’a joué, t’a chanté et t’a raconté.
Nous sommes là debout avec nos peurs et nos solitudes à venir, avec le besoin de réapprendre et de retrouver cet émerveillement que tu portais naturellement en toi comme un cadeau, comme de l’eau que l’on propose au passant, comme une main tendue pour saluer celui qui marche.
Nous sommes là dans le bruit des marmites et des chaudrons, dans la magie de la soupe aux orties et dans l’alchimie de la fleck, dans l’espace de ton jardin et la vue sur les puys.
Nous sommes là dans l’harmonie et le déséquilibre de nos mémoires et nous serons toujours là dans le vertige de nos souvenirs.
Nous sommes là avec Nadine et tes enfants debout face à toi, debout et encore debout pour ne pas disparaître.
Dors mon ami dors, nous continuons de marcher ensemble.